Historique

Handicaf06 et sa genèse

Dans le but de favoriser la solidarité entre des personnes valides et des personnes en situation de handicap, Michèle Viale et Alain Del (Aldo), encadrants au CAF de Nice, organisaient auparavant des sorties en joëlette dans une association basée à Mouans-Sartoux, « Osons la Différence ».

De nombreuses « premières » ont été ainsi réalisées dans notre département sur des itinéraires jamais fréquentés jusqu'alors avec ces engins à une roue.

Le succès a entraîné une augmentation constante de sorties que le département pouvait accompagner en prêtant jusqu'à 5 joëlettes gérées par la Fédération Française de la Randonnée Pédestre.

Cet enthousiasme a nécessité un recrutement de plus en plus important d'accompagnants, comme sur le site OVS venu pallier le nombre d'effectif insuffisant sur des longs parcours à fort dénivelé. Il n'était pas rare de se retrouver sur un parking pour un briefing devant 40 ou 50 personnes avant de partir en randonnée.

Mais sur des terrains accidentés de type montagne, nécessitant de plus en plus de compétences, la technicité et l'expérience se sont avérés bien plus importants que le nombre d'accompagnants. Même si la présence de plusieurs personnes autour des handicapés est d'une richesse et d'une utilité évidente, les porteurs quant à eux doivent pouvoir assurer sans dégâts tout le parcours sur tous types de terrains, et savoir prendre les bonnes initiatives sans attendre la décision d'une seule personne sensée être leur unique référent.

C'est naturellement que Michèle et Alain se sont alors tournés vers leur club pour recruter des accompagnateurs aguerris ayant le pied sûr.

C'était le public recherché, qu'il soit à mobilité réduite ou désireux d'apporter un soutien, avec pour objectif commun de sortir de l'isolement des personnes ayant pratiqué l'escalade ou la randonnée alpine, mais se trouvant en situation de handicap.

La FFCAM ayant pour objectif de gagner en autonomie et d'encourager les pratiques alpines, il était plus facile dans ce cadre de redonner un esprit de combativité, et de permettre des exploits physiques à des personnes « cabossées » par une maladie ou un accident de la vie.

Comme dans une cordée, il a fallu beaucoup de courage et de confiance réciproque entre ceux qui se trouvaient assis dans leur joëlette sanglés et casqués , et les porteurs qui à bout de bras les levaient très haut, eux-mêmes contre-assurés par d'autres avec des cordes, comme dans les blocs chaotiques du sentier rouge des Grès d'Annot, dans la traversée des Grues de l'Esterel, dans les franchissements de pierriers au Pic du Cap Roux, ou les escaliers exposés de la chapelle St-Honorat, à Rocca Sparviera, sans oublier les échelles du sentier Martel au Verdon pour ne parler que de ceux-là.

Avec l'accord du Président du Club de l'époque, Handicaf06 a pu démarrer ainsi en 2014, avec ce nom de baptême qui n'est autre qu'une reprise de ce qui se faisait déjà dans d'autres clubs du Sud-Ouest ou du Nord des Alpes.

Grâce aux adhérents d'autres commissions (Alpinisme, Escalade, Randonnée Alpine, Raquettes...), le calendrier des sorties s'est étoffé durant plusieurs années. Sorties relatées dans le blog du club, parfois par les handicapés eux-mêmes, mais disparu aujourd'hui avec le renouvellement du matériel informatique.

D'autres activités comme l'escalade, ont aussi pu être organisées grâce à de nombreux accompagnants grimpeurs. De beaux défis relevés par les handicapés eux-mêmes, comme la fabuleuse ascension du Baou jusqu'à son sommet par les ressauts, avec dépose préalable de joëlettes sur le plateau.

Les accompagnants de tout âge ont permis, chacun à leur niveau et dans les limites de leur possibilité, toutes ces sorties été comme hiver, sur de la neige avec des joëlettes modifiées, sur de la caillasse dans des portages éreintants, dans des robines en serrant les fesses et les mains sur les poignées des brancards, ou au bord des lacs du Mercantour au milieu des fleurs ...

Mais comme toutes les belles choses ont un fin, des exigences en ont rappelé certains à l'ordre, et sont venues troubler cette belle dynamique, quand d'autres épuisés par tant d'énergie ou blessés par trop de portage ont dû calmer l'allure ou tirer leur révérence.

Une autre raison pour expliquer un tel ralentissement est sans doute la nécessité d'avoir un leader, quelqu'un capable d'inspirer et de donner cette envie d'accorder du temps dans une belle énergie altruiste, et pouvoir réunir du monde. Ce leadership est quelque peu chronophage, tant l'investissement est grand, qu'il faut être à 100%, et qu'il n'est jamais simple de dire « non » à des personnes qui ne marchent pas comme les autres.

Malgré la baisse de régime, Handicaf06 a continué d'exister en essayant au minimum une fois par an d'organiser une sortie fédératrice, mais n'a plus jamais réussi à retrouver autant de participants qu'avant.

Aujourd'hui « l'escalade adaptée » redonne cet élan. Une autre approche plu structurée et mieux conventionnée.

Il faut espérer un meilleur turnover, et qu'avec de nouveaux bénévoles au club, des rêves pourront à nouveau devenir des réalités pour de nombreux handicapés.

C'est ce qu'aimait dire Dominique Véran, fondatrice de « Osons la Différence », 1ère femme à être montée au Kilimandjaro en 2012 grâce à ses porteurs Chagga, à qui jusqu'alors, on refusait l'accès final à leur emblématique et vénéré sommet.

Hommage lui est rendu, car par son association elle a permis à Michèle et Alain d'acquérir l'expérience nécessaire pour créer la cellule Handicaf06.

Quelques temps rebaptisée « Handy-Caf » par Camille Audibert, elle même handicapée et très investie dans son évolution pour trouver de nouvelles orientations adaptées aux personnes en situation de handicap, c'est aujourd'hui une commission à part entière qui trouve désormais sa place parmi les 19 autres dans l'organigramme du CAF avenue Mirabeau.

Avec de nouveaux projets portés par Julie Lebrun, Antoine Verrier et Vito Scaccuto, aidés d'un professionnel Enzo Bernardini dans des partenariats avec la cellule Sport Handicap et Santé de la ville de Nice, Handicaf06 a repris son appellation d'origine, comme dans tous les clubs de la fédération, et répond à une demande sans cesse croissante d'un public dit « éloigné » pour des pratiques sportives liés à la montagne, avec un esprit de forte inclusion comme au premier jour de sa création pour être accessible à tous.

Alain Del (Aldo)