Carnet de route

Cime de Rogué 2705m (13.5km / 1100mD+) - 06 avril 2025
Le 06/04/2025 par Vincent HERITIER
La cime de Rogué en boucle par le col de Salèse. Mais quel itinéraire vont donc nous réserver Gabriel, Vincent et Denis ? C’est à ce dernier que revient l’idée de cette trace. Une certitude à l’heure de démarrer au parking d’été du vallon de Salèse, le soleil va nous accompagner pour une belle journée printanière. Aujourd’hui, nous retrouvons parmi nous une nouvelle aspirante initiatrice : Véronique, récemment admise en tant qu’initiatrice stagiaire. Il règne comme un air de printemps aux vacheries de Salèse : les premiers crocus pointent déjà vers les chauds rayons du soleil là où l’herbe a déjà repris ses droits sur la neige. Nous chaussons les raquettes juste après le passage de la seconde passerelle sur le torrent de Salèse et c’est une colonne de 13 raquettistes qui part en direction du col. La neige est encore bien présente dans le fond du vallon, la progression en raquettes nous facilite la tâche. Emportés par leur élan, les 2 Vincent se détachent rapidement du reste du groupe pour ne s’arrêter qu’au col de Salèse où nos leaders décident de former 2 groupes bien distincts pour la suite de l’itinéraire : un groupe de 5 personnes mené par Vincent partira en éclaireur tandis que derrière Gabriel et Denis auront sous leurs ailes 5 autres participants. Malheureusement, Jeannine rebroussera chemin ici, pas en forme pour entreprendre la boucle complète.
Le groupe 1 repart alors sur le GR52 jusqu’à ce que Vincent déclenche un virage à droite moins de 200m après la balise 268. L’idée est de remonter par le fil de la crète jusqu’au sommet de la com de Rogué 700mD+ plus haut. Denis s’élance à son tour dans ce virage. Tous, nous nous retrouvons rapidement essoufflés : la pents est raide mais la neige versant nord de la ligne de crète est bien présente. Il faut parfois serpenter entre les mélèzes et quelques rochers. La vue se dégage rapidement sur l’Archas d’un côté et le cirque glaciaire du lac Nègre de l’autre, le tout avec ce contraste saisissant entre le versant sud tout sec et le versant nord recouvert de neige sur lequel nos 2 groupes progressent lentement sous l’effet de la pente. Vincent anticipe quelques coups-de-culs à venir avant de rejoindre la Pointe de Rogué pour troquer raquettes contre crampons sur une neige dans laquelle mordent bien les dents de nos crampons. Une fois parvenu sur la Pointe de Rogué à 2435m le groupe de Vincent peut entrevoir la suite de l’itinéraire jusqu’à la cime : une succession de petites montées et descentes le long de la Serre de Rogué, un cheminement tortueux fait de mamelons rocheux à grimper, contourner et redescendre avant un nouvel obstacle. Le groupe des 5 en profite pour reprendre des forces dans ce décor de rêve au panorama exceptionnel.
Dans la radio, un seul mot d’ordre : on se régale, c’est magnifique. En effet, nous en prenons plein les yeux durant cette longue ascension. Un petit ressaut négocier dans les rochers que la neige reprend ses droits pour une nouvelle bosse. Derrière, l’ensemble du groupe 2 progresse à son rythme vers la pointe. Il découvre alors ce même panorama sur la Serre de Rogué. Les yeux s’écarquillent mais il ne faut pas trainer, la crête est encore longue. A l’avant, il semble rester encore 2 ressauts à franchir quand notre petit groupe de raquettistes rencontre en haut d’un couloir sous Rogué une cordée de skieurs-alpinistes. Un peu de vie dans cette immensité. En se retournant, Vincent distingue à peine le groupe 2 sur cette longue crête. Mais les nouvelles données à la radio rassurent tout le monde : Denis se permet même quelques variantes ludiques et il aurait tort de s’en priver. Le terrain de jeu est magnifique, profitons-en. Enfin la récompense pour le groupe 1 qui arrive au sommet de la Cime de Rogué et son cairn isolé. Plusieurs heures d’efforts viennent trouver la raison de nos échappées dominicales : ces panoramas sur nos montagnes, ces moments de solitude face à nous-mêmes. De là, on a l’impression de toucher l’Argentera. Le temps de manger que le groupe de Denis arrive à son tour au sommet, Gabriel et Véronique en tête, Denis fermant la marche avec Sandrine.
Quelques mots échangés que le groupe 1 décide après pratiquement 1h de pause de repartir pour la descente. Une belle corniche dessine toute la descente jusqu’à la baisse de Rogué. Nos raquettes se frayent un juste chemin. Les 100 premiers mètres de descente en versant nord nous obligent à tailler de bonnes marches en zig-zag avec nos raquettes, le temps que la pente s’adoucisse un peu. Ayant un peu d’avance sur le reste du groupe 2, Vincent décide de faire des tours et détours en visitant les lacs de Frémamorte. Quelle bonne idée. Nous pouvons ainsi découvrir de jolis reflets de la cime dans une petite flaque d’eau glaciale fraîchement transformée. Nous gardons également un œil sur le Rogué et sa brèche. Le versant scintille sous le reflet du soleil. Quant au groupe 2 mené par Denis, il décide de tirer plus droit les la cime de Rogué pour rejoindre quelques minutes à peine après le groupe 1 le sentier retour. Nos 2 groupes se rejoignent au col de Salèse pour une petite pause sous le doux soleil après l’ultime petite remontée du col. La neige y est lourde et collante et nos raquettes restent au sol, comme aspirées par des ventouses à chacun de nos pas.
Il ne reste alors que la descente vers le parking de Salèse. Une formalité que chacun d’entre nous pourrait effectuer les yeux fermés. Nous louvoyons entre les mélèzes du mieux que l’on peut. Ce vallon a terriblement souffert des multiples tempêtes au cours des hivers précédents. Rapidement, nous nous retrouvons le long du torrent, moment choisi par certains pour quitter définitivement les raquettes, quitte à brasser un peu dans les trous à neige qui se forment sous nos pas lourds. Seuls Gabielle et Jean-Christophe choisissent astucieusement de les conserver : un sourire en coin aux coins des lèvres en nous doublant dans la difficulté. Une fois rendu au parking, au soleil, nous jouons les prolongations autour de l’excellent cake de Gabrielle, cuisinière hors-pair, toujours présente. Quant à Farida, elle nous régale une fois de plus avec ses pâtisseries marocaines. Nous sommes tous unanimes sur la question : c’est la plus belle sortie de la saison ! Un itinéraire incroyable sur cette longue crête menant au Rogué. Du technique juste comme il faut et de la neige. Ce que l’on demande. Et la saison n’est pas encore terminée. Merci à nos encadrants de nous permettre d’évoluer sur ces beaux itinéraires.