Carnet de route
Dimanche 31/03/2024 : col des Estronques (13,2km/1050mD+)
Le 31/03/2024 par VINCENT HERITIER
A 8h00, dans la salle commune, après cette longue nuit réparatrice, après les salutations de rigueur, nous scrutons tous l’extérieur et force et de constater que le sol est blanchi et quelques flocons continuent de tomber d’un ciel bien gris. La gaité cède la place à la morosité mais les victuailles présentes à table nous réconfortent et nous donnent les forces nécessaires pour affronter la météo capricieuse du jour. C’est avec quelques minutes de retard que Vincent procède au checke DVA sur le parvis de l’auberge. Christine, en délicatesse avec son pied, ainsi que Denise et Philippe préfèreront rester à l’auberge et se reposer après quelques maux. Annie et Denis guident ensuite le groupe dans les rues désertes de Ceillac. Voir tout un groupe vêtu de capes de pluie et imperméable arpenter le village, raquettes sur les sacs, doit surprendre quelques ceillaquins.
L’hiver nous rattrape et nous découvrons la partie inférieure du vallon du Cristillan d’une façon bien hivernale, bien loin du printemps calendaire. Une veille de 1er avril, nous voilà comme en décembre, à Noël. Tous les pins et les rochers du vallon aux eaux cristallines sont saupoudrés de neige fraiche. Magnifique. Puis contre toute attente, le soleil perce l’épais voile nuageux nous obligeants à faire une pause pour enlever une épaisseur, passer les lunettes de soleil et appliquer une noix de crème solaire sur nos visages. C’est ce moment que choisit Annie pour annoncer que nous allons nous scinder en 3 petits groupes, comme la veille, qui évolueront à bonne distance les uns des autres pour la sécurité de tous. La neige au sol, quant à elle, est bien présente, nécessitant une bonne équipe de traceurs en tête du groupe 1 : les deux Vincent sont à la manœuvre. Au hameau du Tioure, la pente se redresse doucement. Il reste environ 600mD+ à absorber pour espérer voir le col, mais une nouvelle averse de neige nous contraint à repasser une veste. C’est avec cette alternance d’averses de neige et d’éclaircies que nous allons terminer la journée : les reliefs vont sans cesse jouer à cache-cache.
La première partie de la montée, en forêt est plaisante, la trace agréable à suivre. Nos traceurs nous gâtent et pimentent la montée de quelques franchissements d’arbres au sol qui entravent la trace. C’est une fois au-dessus de la forêt que les choses se corsent : la pente se fait plus raide, le souffle se fait plus court. Le col est au-dessus de nous, seuls quelques 300mD+ nous en sépare. Le groupe 1, emmené par Vincent cherche le meilleur passage pour gravir ses pentes du col des Estronques. Un cheminement semble se dessiner en contournant quelques ressauts et épaules, le premier groupe arrive en vue de la balise sous le col des Estronques à 2519m. Il reste une dernière marche avant d’entrevoir le col. Elle ne sera pas évidente à franchir : les rochers sont presque affleurants sous une fine couche de neige durcie par les vents. Il faut être vigilant à chaque pas. Quand enfin, le groupe 1 aperçoit le col derrière une dolline.
C’est à ce moment-là que Denis, qui arrive avec son groupe à la balise sous le col demande à Annie si le groupe 1 a rejoint le col. Pas encore, il reste quelques mètres où le vent s’engouffre et s’accélère au passage du col sous l’effet venturi. Il n’en faut pas plus pour semer le doute dans l’esprit du groupe 2 : que fait-on ? On monte, on redescend tranquillement ? C’est indécis que la décision de rester ici l’emporte. Le groupe 2 rebrousse chemin pour regagner la forêt à 2519m. Il croise le groupe 3 emmené par Gabriel qui s’arrêtera au même point. Ce dernier aura même le temps de réparer un bâton cassé. En plus de leader, il faut aussi parfois savoir se transformer en McGyver.
Pendant ce temps-là, le groupe 1 au col des Estronques (2651m) essaye de rester debout. Le vent est puissant et la neige glacée vol et fouette les moindres parcelles de peau restées sans protection. Quelques photos souvenir et il est temps de rejoindre les autres groupes à l’abri dans la forêt. La Tête de Jaquettes attendra une autre fois. La descente n’est qu’une formalité, la pente se dévale assez vite et tous les groupes se réunissent en lisière de forêt pour partager le déjeuner. Une nouvelle averse de neige nous déloge et nous précipite à reprendre le chemin du gîte. Quelques lacets seront coupés par les plus aventureux d’entre nous, et très vite nous sommes de retour au hameau du Tioure, où très vite, la neige se transforme en soupe puis disparait. L’heure de raccrocher les raquettes sur le sac pour rentrer à Ceillac après une belle journée au grand air où la météo ne fut pas si mauvaise et nous a permis de profiter des beautés du Queyras.
Comme la veille, la fin de journée glisse tranquillement vers le repas entre gouter revigorant et parties de baby-foot. Chacun pioche sur les victuailles présentes sur la table, allant de petits chocolats au cake ou au pain d’épices. Ce n’est qu’avant la tombée de la nuit que le soleil daigne se montrer : la perspective d’un beau lundi trotte dans toutes les têtes. L’heure du dîner sonne et la poêlé de légumes accompagnée de son poulet sauce champignons redonne des forces à tout le groupe en prévision de la dernière sortie du week-end. Mais le meilleur moment de la journée se présente au moment du dessert, largement arrosé de plusieurs digestifs. Il y en aura pour tous les gouts. Les plus solides testeront ainsi l’excellent limoncello d’Annie. Un gout si intense. Gaby quant à lui débouche une bouteille de liqueur contenant un brin reconnaissable entre tous. Son vert annonce la couleur : ce génépi est extra. Vincent, quant à lui, nous expédie directement sous des latitudes tropicales. Son rhum arrangé passion/coco finit en beauté cette douce soirée. Les zig-zags seront certainement plus faciles à négocier demain après le partage de ces breuvages.










