Carnet de route

Tête du lac Autier et cime de la Malédie

Le 12/10/2024 par Nathalie Andréis

(CR de Vincent)

Participants : Grégory, Claire, Philippe et Vincent.
Encadrants : Nathalie, Jean-Robert et Grégory en co-encadrant

Après quelques incertitudes, la météo s'annonce finalement propice pour ce week-end concocté par Nathalie. Rassurés sur ce point, nous prenons donc la route de la Gordolasque. Au pont du Countet, ce n'est plus la cohue des mois d'été, mais le parking n'est pas vide, loin s'en faut. Pour cette première journée, direction le lac Autier, puis la Tête du même nom, et descente sur le refuge de Nice par le versant nord. Si le départ se fait dans un air déjà bien frais et humide, la montée dans le vallon du Lac Autier nous réchauffe, d'autant que Nathalie imprime un rythme soutenu en tête. Lorsque nous atteignons le lac, nous sommes enfin au soleil, et c'est l'endroit parfait pour faire une première pause : eau turquoise du lac, sommets rocheux et compagnie des chamois, peut-on rêver un cadre plus agréable ? La suite de l'ascension se fait hors sentier, dans un terrain mi-herbeux mi-rocheux sans difficulté particulière, et nous mène au sommet, à 2740 m. Le panorama sur les “3000” vésubiens (Gélas, Malédie et Clapier), les sommets des Merveilles (Bégo, Capelet, Diable) et les lacs Autier et Niré est splendide et nous régale autant que les pique-nique tirés des sacs.

Pour descendre directement sur le refuge de Nice, il faut s'ingénier à trouver un passage évitant au mieux les endroits instables ou trop exposés : "vous êtes sûrs qu'on est monté par là tout à l'heure ?" Et bientôt, nous arrivons sur une terrasse rocheuse qui domine le vallon du lac Niré et le refuge de Nice. On ne peut pas descendre n'importe où, car l'endroit est bien pourvu en barres rocheuses, et il faut donc chercher les faiblesses du terrain. Une vague sente à flanc de montagne, repérée par Nathalie et JR, nous y aide, et les discussions vont bon train sur l'usage des bâtons, les mérites comparés des chaussures hautes ou basses, la descente des passages raides debout ou assis (personne n'a essayé couché !)... Et de langue d'herbe en éboulis, de passage à gué en bloc rocheux, nous parvenons au refuge.

L'accueil des gardiens est chaleureux, nous sommes parmi les premiers arrivés, et nous pouvons donc prendre nos aises dans le refuge. Certains passent le reste de l'après-midi à faire la sieste, d'autres à goûter le vin à l'orange, spécialité du refuge, mais nous nous retrouvons tous pour le dîner, dans une salle commune bien remplie et bruyante comme un bar de Nice un samedi soir : douce quiétude des soirées en montagne ! Le repas préparé par les gardiens, suivi d'une petite séance de dégustation de génépi, nous réconforte après cette première journée d'efforts, et avant une seconde journée qui s'annonce encore plus riche en péripéties : demain, c'est la cime de la Malédie qui nous attend. Pour trois des participants, ce sera une seconde ascension, mais pour les deux encadrants, ce sera une première ! Ils ont beau avoir usé des semelles à foison sur les rochers du Mercantour, avoir crapahuté dans les endroits improbables où la rando alpine mène parfois, il y a encore des montagnes qu'ils n'ont pas gravies... Mais comme le dira Nathalie à la fin de la journée, un encadrant doit tenir compte de trois éléments dans sa décision de faire une course : la météo, le niveau du groupe et sa propre connaissance du parcours. Si au moins deux d'entre eux sont sûrs, alors on peut y aller, sinon, il vaut mieux renoncer. Ici, la météo est belle et stable et le groupe est en bonne forme avec un pied sûr, ce qui suffit à donner le feu vert.

Après une nuit en dortoir plus ou moins reposante, nous repartons du refuge de Nice en direction du pas de Pagari. La montée est progressive, sur un bon sentier, et nous nous échauffons donc en douceur. Au col, à 2798 m, la vue est déjà splendide, sur les vallées maralpines jusqu'à la mer d'un côté, et sur la plaine du Pô recouverte d'une mer de nuages typique de l'automne de l'autre. Côté italien, la haute muraille verticale du versant nord de la Malédie se dresse, impressionnante. Quelques névés accrochés nous rappellent que le tour de la Malédie est un classique de fin de saison des sorties en raquettes alpines ou en ski-alpinisme. Pour le moment, nous allons contourner le sommet par son versant sud, afin d'aboutir au pied du couloir situé au-dessus du lac Long. Ce passage donne le ton de la suite de la journée : c'est une longue traversée dans de gros blocs de pierre, entrecoupée de quelques montées dans des éboulis qui ont une fâcheuse tendance à se dérober sous les chaussures. Finie la randonnée montagne, on est déjà dans la rando alpine tout terrain !

Mais c'est à partir du couloir que les choses sérieuses commencent : la pente se redresse, et il faut utiliser les mains pour franchir les passages les plus raides, en faisant toujours très attention à ne pas canarder de pierres les camarades situés en-dessous. Les casques passent des sacs sur nos têtes. Lorsque nous arrivons au pas de la Malédie, à 2950 m, la pente terminale se dresse devant nous, barrée à son pied par un grand névé. Ici, tous les éléments de la rando alpine sont réunis : absence de chemin tracé ou balisé, terrain glissant et instable, exposition au vide, et nécessité d'effectuer quelques mouvements d'escalade simple. Mais la récompense est à la hauteur de nos efforts, et au sommet, c'est un panorama exceptionnel que nous découvrons, avec une vue imprenable sur le Gélas et le Clapier tout proches, une vue plongeante sur le lac Long, et une échappée sur toute la plaine du Pô. Au loin, le Viso saupoudré de neige se dresse, et s'il n'y avait pas les nuages à l'horizon, les Alpes italo-suisses et le Mont Blanc compléteraient ce tableau.

Nous redoublons de prudence à la descente, pour éviter toute glissade, même légère, qui pourrait faire tomber une pierre sur nos co-équipiers situés plus bas. Pour franchir un passage particulièrement exposé, un petit couloir aboutissant à une vire, Nathalie et JR décident d'utiliser la corde que Grégory porte vaillamment depuis le samedi matin, et posent une main courante, qui rassure les moins aguerris d'entre nous. C'est avec soulagement que nous retrouvons la terrasse au pied du sommet. Pour la descente du couloir, il faudra encore jouer des pieds et des mains, chacun y allant de sa technique préférée : désescalade, contournement plus ou moins acrobatique des difficultés, ou descente de face sur la partie postérieure de notre anatomie. L'essentiel est de ne pas glisser et de faire tomber le moins de pierres possible. Une fois le bas du couloir atteint, nous pensons la randonnée presque finie, mais c'est oublier que nous avons encore plus de mille mètres de dénivelé à descendre et plus de six kilomètres à parcourir pour retrouver les voitures. D'autant que le terrain, s'il ne présente plus les difficultés techniques que nous avons affrontées le matin, n'est pas confortable pour autant : il faut traverser un interminable chaos de blocs rocheux pour contourner le lac, dont le nom de “Long” n'a jamais paru aussi approprié, puis descendre plusieurs passages raides en herbe et en cailloux. Le sentier menant au refuge de Nice le long du lac de la Fous semble une autoroute à côté ! Pour éviter le détour par le mur des Italiens, nous suivons le sentier en rive droite du torrent, sur lequel nous sommes précédés par les gardiens du refuge, qui viennent de le fermer après un week-end bien rempli. A l'arrivée aux voitures, nous savourons les rafraîchissements apportés par Claire et Philippe, tout en faisant un rapide debriefing de la sortie : tout s'est bien passé, il n'y a pas eu de bobo, le programme a été effectué en totalité, le soleil a été de la partie, et les paysages de la Gordolasque sont toujours magnifiques, surtout quand ils commencent à se parer des couleurs d'automne. Un grand merci à Nathalie, organisatrice du week-end et encadrante en chef de ces deux journées, ainsi qu'à JR et Grégory qui l'ont secondée. On a hâte de se retrouver pour de nouvelles aventures alpines !







CLUB ALPIN FRANCAIS NICE MERCANTOUR
14 AV MIRABEAU
06000  NICE
Contactez-nous
Tél. 04 93 62 59 99
Permanences :
mardi jeudi et vendredi 16h à 18h45
Agenda