Carnet de route

Cime Nègre en raquettes
Le 23/02/2025 par Vincent HERITIER
Cime Nègre 2553m (14km/1150mD+) et col de Crous (11km/780mD+) – dimanche 23/02/2025
Roya, sur la commune de St-Etienne-de-Tinée et non la vallée de la Roya, à l’est du département. Ne nous trompons pas de destination. Et c’est bien au centre de ce petit hameau perdu en haute Tinée que nous nous regroupons pour partir en direction col de Crous, aux portes du parc national du Mercantour. Il y a 4 ans, pour cette même sortie, nous partions sous de gros flocons tombant du ciel dans une purée de pois tellement épaisse qu’on distinguait à peine nos raquettes. Nous devions rebrousser chemin au col de Crous (2204m) sous les rafales de vent et le mauvais temps. Qu’en sera-t-il en ce dernier dimanche de février ?
Nous sommes 18 à nous élancer sur la piste du vallon de Roya, répartis en 3 groupes équilibrés et sous la conduite de Vincent, Denis et Gabriel. 3 petits groupes qui très vite prennent leurs allures de croisière à mesure que la pente s’incline sur une neige « acceptable » comme diraient nos amis skieurs. La douceur ambiante rend la neige humide et le plafond est bas : le Mont Férant et Las Donas entament une partie de cache-cache qui va durer toute la journée. Les 3 groupes progressent en direction du col de Crous. Nos leaders choisissent un repère, un jalon en bois peint de jaune comme lieu de pause, juste avant de traverser un petit torrent. C’est le moment de la pause café/banane pour reprendre quelques forces après déjà près de 400m de dénivelé positif dans les jambes.
Plus nous progressons en direction du col de Crous, plus le ciel s’assombrit. Il devient même difficile de lire les variations du relief sous nos raquettes et c’est avec prudence que nous poursuivons. Puis, au détour d’une épaule que nous dépassons, nous apercevons au loin les anciens blockhaus sous le col. Vincent annonce alors à Denis et Gabriel avoir rejoint le col de Crous “dans une véritable purée de pois”. Et en effet nous ne voyons absolument rien alentour et distinguons avec peine l’épaule du Mont Férant. “On poursuit” lance Vincent à la radio. Le groupe 1 réduit alors son allure pour que chacun des 7 participants puissent progresser en une seule colonne compacte, car dans cette brume il est tellement facile de se perdre et de mal s’orienter.
Denis et son groupe arrivent à son tour au col de Crous tandis que Vincent et ses ouailles approche de l’objectif du jour. C'est à ce moment que la brume choisit par se dissiper permettant au groupe 1 d’apercevoir le premier sommet de la montagne de l’Alp à 2500m. Les radios s’échauffent : “une fenetre, c’est le moment de tenter le sommet” tandis que derrière Gabriel et ses drôles de dames du groupe 3 rejoignent à leur tour le col de Crous. “Nous nous arrêterons ici” annonce-t-il. Mais Denise et Elisabeth poursuivent seules en aller retour vers le Mont Ferant. Le groupe 1 arrive au pied de la Cime Nègre: un ressaut de 50m de dénivelé le sépare du sommet. Vincent décide de chausser les crampons, en laissant les raquettes au pied. La vue sur le Mont Mounier et la cime Nègre est sublime, avec cette brume qui enrobent les cimes.
Malheureusement pour eux, la brume s'installe à nouveau sur la cime tandis que Denis annonce “nous sommes en dessous, nous vous entendons”. “OK, on redescend pour vous laisser la place” lui répond Vincent. Les 2 groupes se croisent l’un vers le sommet, l’autre vers la pause pic-nique. Ils se réuniront pour la suite de la sortie après le repas dans une extrême douceur et le soleil qui perce sur la crête. La suite, c’est la boucle vers le vallon de Sallevieille tandis que le groupe 3 rejoindra le point de départ par le même itinéraire qu’à l’aller. Avant de rejoindre les rives du vallon de Sallevieille il faut négocier une belle pente. Vincent et Denis partent en éclaireurs et nous donnent pour consignes de garder un espacement permanent entre nous jusqu’au bas de la pente. S’en suit une longue descente dans une neige parfois dure, parfois molle. Nous nous regroupons tous vers a côte 2200m pour repasser en raquettes et profiter d’une belle trace dans une neige poudreuse qui nous ravit tous. Seul Farid, bien accompagné par Denis tardent à nous rejoindre, Farid accusant un peu la fatigue.
Vincent décide alors contre toute attente de changer de rive du torrent, pensant à tort que le groupe est à proximité de la passerelle enjambant le torrent sur le GR5. Denis, plus bas alerte Vincent qui se rend compte de son erreur et rebrousse chemin. Plus bas, la passerelle absente se franchit plus aisément qu’au printemps dernier. Il reste alors 45min de marche sur terrain tantôt sec, tantôt enneigé. Chacun de nous arrive au compte-goutte et retrouve le groupe 3 pour partager coca ou bière offert par Philippe et Vincent M et les délicieuses cornes de gazelles de Farida. N’oublions pas cake aux pommes de Gabrielle et cake au citron de Christine. Merci à toutes pour ces gourmandises bienvenues après une belle randonnée. Le retour se fera tardivement mais que la journée fut belle et la cime Nègre gravi pour notre bonheur.