Carnet de route

Cela fait plusieurs jours que nous scrutons tous avec inquiétude les différents bulletins météo pour le week-end de Pâques. Tous s’accordent sur une météo maussade sur le Queyras où Annie nous a concocté un séjour raquettes loin de notre Mercantour pour découvrir d’autres paysages et montagnes. Qu’à cela ne tienne, le week-end est maintenu. Nous composerons avec la météo et les conditions nivologiques une fois sur place et nous prendrons du plaisir assurément. C’est donc un groupe de 24 personnes qui se retrouve samedi en fin de matinée au Pied du Mélézet, la petite station située au fond de la vallée de Ceillac. Il tombe de la neige par intermittence pendant que nous nous équipons difficilement, certainement encore un peu groggy par la longue route. Annie et Denis opèrent un double contrôle DVA avant que la colonne ne se scinde en 3 petits groupes pour rejoindre le lac Miroir où nous déjeunerons. Annie et Vincent se place aux avant-poste, Denis s’intercale et enfin Gabriel ferme la marche à quelques minutes du premier groupe. 

La montée est raide et soutenue : il nous faut passer au-dessus des barres séparant vallée et alpage. Heureusement la trace est belle. Nous pouvons remercier Annie, Sandrine, Serge et Denis d’être venus reconnaitre la course un peu plus tôt dans la semaine et ainsi nous faire une trace qu’il est facile de suivre. Ils nous avoueront même ne pas avoir été trop de 4 à se relayer pour tracer tant la neige fraichement tombée les ralentissaient. La forêt que nous traversons nous enchante dans ce décor hivernal. Il neige et celle-ci s’accumule sur les branches. Nous profitons de ce décor que nous rencontrons trop rarement du côté de nos Alpes du Sud et ouvrons grands les yeux aux abords des ruisseaux où le passage de l’eau révèle l’épaisseur de neige accumulée. Au moment de franchir le pont sur le torrent de la Pisse, la neige s’accélère et le vent se renforce également. La visibilité n’est pas très bonne, nous empêchant de distinguer jusqu’aux contreforts de la Pointe de la Saume. 

L’arrivée des 3 petits groupes se succèdent au niveau du lac Miroir niché à 2214m au fond d’une petite dépression. Le plus difficile, avec le vent qui souffle en rafales, nous envoyant les flocons de neige dans le visage, est de trouver un endroit abrité du vent pour se poser quelques minutes le temps de manger. Heureusement, quelques sapins permettent de s’abriter du vent, en gardant dans un coin de l’œil le lac Miroir recouvert d’un important manteau neigeux. La pause repas ne s’éternise pas, sous peine de se refroidir. Le top départ du retour est donné. Seuls Frédérique et Georges, bien cachés derrière un groupe de sapins plus épais ne l’entendent pas. Ils rentrent bien vite dans la file du groupe 2 et la colonne peut reprendre sa route vers le Pied du Mélezet en longeant les pistes de ski désertes. Quelques passages ludiques en forêt viennent pimenter la descente. Au loin, nous apercevons Ceillac, notre prochaine étape, sous une chappe de nuages. 

Une fois la randonnée terminée, sous quelques gouttes, il est temps de prendre la direction du grand gîte Les Baladins, à l’entrée du vieux village de Ceillac. A l’aide du précieux document établi par Annie, chacun d’entre nous peut récupérer la clé de sa chambre pour s’y reposer quelques instants avant de tous se retrouver dans la salle commune pour le gouter : les pâtisseries sorties des sacs nous réchauffent dans la convivialité. Les discussions vont bon train : où irons-nous trainer nos raquettes demain ? Que dis la météo : pluie ? Neige ? Soleil ? Les cartes IGN sont de sortie pour indiquer les 2 options qui retiennent les faveurs de nos encadrants Annie et Denis, sur place depuis quelques jours déjà. Le col Albert par son vallon (une trace existe, Annie et Denis étant partis en reconnaissance) ou le col des Estronques, en versant sud, moins enneigé vraisemblablement. Nous verrons bien quelle course retiendrons nos encadrants à l’issu du repas. 

Et quel repas ! Après un potage exquis, une daube de porc madras arrive, accompagné de riz. C’est extra et comble les plus gourmands d’entre nous, jusqu’à la cerise sur le gâteau : une charlotte aux fraises. Annie nous annonce la course : le col des Estronques, sur le GR58 du tour du Queyras. Départ à 9h15. Rendez-vous demain matin au petit déjeuner, en ayant bien changé l’heure de nos réveils.