Carnet de route

Le Vieux Chaillol 3163m - Dimanche 9 avril 2023
Le 09/04/2023 par Heritier Vincent
6h45, nous sommes tous rassemblés autour du petit déjeuner et pensons tous à la longue journée qui nous attend et certains d’entre nous ont cogités durant la nuit. Heureusement, nos encadrants nous rassurent. 7h15, nous quittons l’auberge après avoir grattés les parebrises en direction de la petite station de Chaillol à 1600m d’altitude. 7h30, c’est le départ. Les 3 groupes se forment et partent à quelques minutes d’intervalle après un double contrôle des DVA coordonnés par les leaders de chacun des 3 groupes : Annie et Vincent, Denis et Gabriel. En guise d’échauffement, nous prenons notre rythme de croisière sur une piste pendant une trentaine de minutes puis nous obliquons à gauche sur un petit sentier. C’est à ce moment que les choses sérieuses débutent avec la pente qui s’accentue. Mais la cadence régulière de nos leaders nous permet à tous de ne pas nous mettre dans le rouge. Vers la côte 2100m, nous quittons le sentier afin d’éviter une langue de neige dure pour monter sur la terre. Mais vers 2200m d’altitude, nous devons nous résoudre à passer les crampons pour rallier le Col de la Pisse (2358m) : la neige est dure et la pente se redresse sous le col. L’information fuse directement via les radios pour les 2 autres groupes. Nous rejoignons ainsi le Col de la Pisse, 1er check-point sur la route du Chaillol. Chaque groupe profite de la douceur du soleil pour reprendre des forces un pied dans le parc national des Ecrins, l’autre à l’extérieur, tout en portant déjà le regard sur le sommet du Vieux Chaillol.
A l’avant du groupe 1, on inverse les positions : Annie passe le relais à Vincent qui était en position de serre-file, en prévision de la longue traversée sur le versant Nord-Ouest du Pic du Tourond. C’est un vrai régal d’entendre le bruit des crampons mordant la neige durcie par le regel nocturne. Nous essayons de lisser au mieux la progression en contournant les dépressions du terrain et ainsi nous éviter plusieurs courtes remontées. Les effets de l’altitude et le départ matinal commencent à se faire sentir. Heureusement, le passage du col de Côte Longue nous revigore : le sommet se rapproche et le cœur des Ecrins commence à se dévoiler. Derrière un monticule, nous découvrons un semblant de toit émergeant à peine de la neige. C’est bien la cabane des Parisiens (2695m), 2ème check-point et toujours dans le bon timing. Il reste 470m de dénivelé positif à avaler avant le sommet tant attendu. Il est temps d’avaler aussi un peu d’énergie en vue de la bataille finale. Vincent M. sonde l’épaisseur de neige. Verdict 1,10m. Les groupes se succèdent à la cabane des Parisiens, tous groupés ou presque. Denis annonce son arrivée à la cabane alors que Vincent et son groupe sont déjà 150m au-dessus et que Gabriel arrive quant à lui au col de Côte Longue.
Pour gravir le mur final, un seul mot d’ordre. Faire simple et enchainer les zig-zag dans une large combe. L’altitude commence à ralentir les organismes bien fatigués par les quelques 1500mD+ avalé depuis le départ. Mais à force de persévérance et sous les encouragements de nos encadrants, les mètres nous séparant du sommet diminuent. La récompense est à la hauteur des efforts fournis pour gravir ce sommet culminant à 3163m d’altitude. Une vue 4* sur les faces sud des plus emblématiques sommets du parc national des Ecrins (la Barre, Ailefroide, la Meije, le Sirac et tant d’autres). Mille mercis Annie pour le choix de cet itinéraire, point culminant de la vallée du Champsaur. Les flashes crépitent autant que nos yeux s’écarquillent devant ces paysages. Ce sont 3 groupes unis et homogènes qui se réunissent au sommet. Karine, incroyable de volonté et de persévérance, est la dernière à atteindre le sommet accompagné de Vincent venu à sa rencontre et sous les encouragements de nous tous. Seuls 3 d’entre nous s’arrêterons à 200m du sommet à cause de petits bobos.
La journée est loin d’être terminée car il faut à présent songer au retour. Groupés, nous récupérons nos camarades dans la combe du Chaillol. Nos encadrants décident de reformer les groupes à partir de la Cabane des Parisiens. Nous profitons au maximum de cet environnement de haute montagne et nous regroupons tous au col de la Pisse. Là, Annie, venue en reconnaissance les jours précédents le week-end nous débusque un petit vallon bien chargé en neige. Il nous permet de descendre jusqu’à 2100m d’altitude, directement sur le sentier du retour. Ne reste plus qu’à dérouler jusqu’aux voitures.
De retour à l’auberge, les discussions sont animées pendant le gouter. Nous sommes tous ravis et enchantés de cette journée. Gravir un sommet culminant à plus de 3100m d’altitude n’est jamais facile et demande bien des efforts. Le soutien de nos encadrants et la bienveillance qui règne entre nous nous a permis de nous surpasser pour venir à bout de cette longue journée et nous n’en sommes que plus fiers. Ce soir, en récompense à nos exploits du jour, nous est servi une fondue champsaurienne accompagnée de charcuterie locale. De quoi se faire plaisir gustativement après la débauche d’énergie de la journée. Un à un nous allons nous coucher et personne n’y trouve à redire car la journée a été longue et bien remplie.