Carnet de route

Lac Nègre (26/01/2025) – 14,3km/830mD+

Le 26/01/2025 par Vincent HERITIER

Au rendez-vous de St-Martin, tous les yeux se tournent vers les éclairs qui illuminent le ciel du haut pays, soulevant quelques interrogations sur la météo du jour. Après quelques tours de passe-passe, Vincent, seul cadre de la journée arrive miraculeusement à caser les 15 participants dans un véhicule. Quand les chauffeurs habituels ne sont pas là, c’est tout de suite plus compliqué. Christine aurait bien aimé souffler mais remercions-là de nous conduire chaque semaine. L’humidité résiduelle de la nuit est encore bien présente en fond de vallée, mais une fois aux environs de St-Martin-Vésubie, le ciel se dégage et nous laisse voir les sommets devant un ciel bleu. La bonne journée qui s’annonce.

Sur le parking d’hiver, chacun s’affaire à se préprer avant le départ dans une fraicheur relative, habituelle ici le long du torrent de Salèse. Vincent distribue les DVA et kit sécurité à ceux qui ne le sont pas, vérifie que les appareils sont bien en place et lance enfin le contrôle traditionnel. Avant de s’élancer quelques consignes sont données : un groupe unique, Elisabeth sera notre serre-file et l’objectif du lac Nègre pour aujourd’hui pour que chacun puisse profiter de la sortie.

La colonne s’élance enfin en direction du col de Salèse, le fameux et premier de la saison. Mais cette fois, cette longue ascension en faux-plat nous ravit tous : la neige tombée la nuit précédente recouvre les branches des arbres et le vent a sculpter des formes abstraites sur les branches. La randonnée prend des aires de contes féériques avec un soleil radieux qui ne tarde pas à nous réchauffer. L’occasion idéale de tomber une première couche et d’opérer un regroupement général. L’ancienne trace du GR est toujours bien ravagée par la succession des différentes tempêtes, nous obligeant parfois à éviter du mieux possible des arbres en travers du passage ou à contourner des ravines éphémères. Mais après un peu plus d’1h20 de marche tout le monde arrive au col de Salèse. Nous décidons de prendre une bonne pause énergétique, ce qui nous permet de voir qu’en altitude le vent souffle fort : des flammèches de neige s’envolent du Caïre Archas. Main gauche, le vallon de Mollières semble figé par le froid, encore plongé dans l’ombre.

Les choses sérieuses commencent alors, au niveau de la balise n°269 : la pente se redresse fortement. D’une trace linéraire, nous passons à des zig et des zag en gardant le Caire Pounchu en point de repère. Heureusement, une trace existe et facilite la tâche de nos leaders. C’est toujours quelques efforts de gagnés, car vers la côte 2180m, en tête, Vincent s’arrête. On se regroupe, nous quittons la trace existante pour faire notre propre itinéraire et remonter le vallon formé par le torrent issu du lac Nègre, quelques 200m plus haut. Elisabeth à l’arrière donne le top départ une fois chacun ayant pu jouir d’une petite pause. Les lacets se succèdent, la pente semble n’en plus finir et le Caïre Pounchu reste si loin. Heureusement, dans notre dos, les paysages se dégagent : c’est magnifique. Rogué et sa serre, plus loin c’est le dôme blanc scintillant de l’Archas ou l’imposant Pépoiri qui se dessine. La neige est profonde, les mètres de dénivelé chèrement gagnés. Les 2 Vincent s’emploient à tracer un bel itinéraire pour que derrière, la progression se fasse le plus simplement possible.

Puis enfin, le groupe arrive dans l’imposant cirque glaciaire du lac Nègre, à plus de 2350m d’altitude. D’imposantes faces rocheuses ferment ce cirque. Ces cimes sont par moment soufflées. De véritables tourbillons de neige soufflée se forment dans le ciel. Chacun à notre tour nous enfillons une veste pour nous protéger des rafales qui parfois nous atteignent. Nous attendons Elisabeth sur le bombé dominat le lac pour un regroupement général afin de poser pour la traditionnelle photo de groupe. Vincent nous annonce alors que nous faisons une petite boucle jusqu’à effleurer le lac et que nous allons prendre notre repas un peu plus bas, à l’abri des assauts du vent glacial. Rapidement, les effets du vent nous laissent tranquille. Les premiers choisissent alors l’emplacement de la pause, face au soleil et aux mélézins dégarnis. La pause pourrait durer des heures tant chacun est bien ici dans une relative douceur, mais il reste encore une bonne distance à couvrir avant de retrouver nos voitures.

C’est assez rapidement que nous nous retrouvons au col de Salèse, non sans avoir profiter d’une superbe descente dans la poudreuse à faire sa trace et glisser sur cette neige miraculeuse. Nous savons tous qu’une fois le col de Salèse franchit, nous allons retomber à l’ombre et que la température va chuter de quelques degrès. La neige au sol crisse d’ailleurs à nouveau, signe qu’il gèle après le redoux imposé par le soleil. Devant, Vincent décide d’explorer une voie un peu plus au sud du torrent de Salèse, pour que nous ayons l’impression de faire une petite boucle, mais c’est surtout une bonne occasion de fouler une belle neige légère.

De retour aux voitures après cette belle journée, chacun y va de son petit mot : quelle belle journée. Ce soleil presque inespéré nous a ravi en nous offrant une sortie magique dans la poudreuse du lac Nègre. Sourires aux lèvres, nous dégustons l’excellent carrot cake de Christine et biscuits maisons de Farida. On voudrait tous que des journées comme celles-ci durent. A bientôt.